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jeudi 26 janvier 2023

Ta fièvre me fait oublier l’hiver…

 

Dans sa pelisse sombre, l’hiver féroce griffe le temps fragile en mordant sur son chemin le rire clair des gamins lumineux galopant entre les rangs de vigne. Le ciel se laisse dévorer par un feu fou où serpentent des arabesques blanches dessinées par le vent glacial. Son souffle têtu réinvente, dans les sillons du possible, une farandole folle où jupons et jambes nues se tutoient avec une fièvre incorrigible.

Voilà le soir et ses minutes de liberté, l’envie de manger les nuages, de croquer les étoiles, de déchirer le taffetas vaporeux des brumes parfumées que le soleil ne caresse déjà plus.

 

Je te regarde dans les yeux. Tu souris, à moi, au vent, aux arbres. Ton corps se lovant autours de tes îles ravies se fait miroir sans fin où viennent se mirer les songes mélancoliques du crépuscule farfelu.

J’aime les battements de ton cœur la nuit, quand la pluie vient perler dans ta chevelure peu sage, au reflet de nacre. Ces gouttes fraîches sont nos amies. Elles courent sur ta peau aux senteurs malicieuses.

Ta fièvre me fait oublier l’hiver…

 

samedi 14 janvier 2023

Les frontières de l’impossible.


 

 

ATDS Versailles/France. Image empruntée au net.

 

Au bout du grand voyage,
épreuve cruelle d’une éprouvante traversée,
les frontières improbables sont englouties dans la gueule de la mer carnassière,
broyées par ses mâchoires d’écumes sauvages.

Le froid.
La fatigue.
La peur.
Les cris des mouettes,
goélands,
hostiles,
arrogants.

Les mains qui se crispent sur les cordes,
lisses et détrempées.
Doigts blessés,
peaux déchirées dans la nuit blafarde battue d’embruns noirs.

Le sel partout.
Sur les lèvres ouvertes.
Dans les yeux brûlés.
Dans les corps vaincus.

Moïse se tait.
Moïse se terre.

L’enfant qui se noie.
La mère qui pleure.
La mer qui mord.
La mort qui aboie.

Les frontières de l’impossible.