Dans sa pelisse sombre, l’hiver féroce griffe le temps fragile en mordant sur son chemin le rire clair des gamins lumineux galopant entre les rangs de vigne. Le ciel se laisse dévorer par un feu fou où serpentent des arabesques blanches dessinées par le vent glacial. Son souffle têtu réinvente, dans les sillons du possible, une farandole folle où jupons et jambes nues se tutoient avec une fièvre incorrigible.
Voilà le soir et ses minutes de liberté, l’envie de manger les nuages, de croquer les étoiles, de déchirer le taffetas vaporeux des brumes parfumées que le soleil ne caresse déjà plus.
Je te regarde dans les yeux. Tu souris, à moi, au vent, aux arbres. Ton corps se lovant autours de tes îles ravies se fait miroir sans fin où viennent se mirer les songes mélancoliques du crépuscule farfelu.
J’aime les battements de ton cœur la nuit, quand la pluie vient perler dans ta chevelure peu sage, au reflet de nacre. Ces gouttes fraîches sont nos amies. Elles courent sur ta peau aux senteurs malicieuses.
Ta fièvre me fait oublier l’hiver…