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lundi 22 mai 2023

Un dimanche matin.

 


Le dimanche matin traîne dans l’herbe encore fraîche des éclats de rosée égarés par une brume insoumise. La nuit ronronne sous les arbres, en chat grognon agacé d’un premier rayon de soleil venu le caresser sans en avoir l’air, comme ça, juste pour le plaisir. Le jour chante au travers des persiennes fermées sur la fenêtre ouverte. Il fait chaud. Chaud comme un été qui se serait invité avant son heure, en convive toujours pressé. Les draps sont descendus au pied du lit, doucement, sans bruit. Notre flemme échappe à l’agitation du jardin se réveillant au rythme guilleret du piaillement des oiseaux.

C’est un dimanche matin comme je les aime. Une douceur pleine de sucres fourbes, malicieuse petite souri dont les yeux pétillants narguent avec insolence l’obscurité. Un dimanche matin où nos sourires glissent sur nos corps offerts au silence du temps, aux contours imprécis que dilue un mélange soyeux d’ombres et de lumières s’estompant au bon vouloir de nos respirations.

Un dimanche matin fait de roses aux pétales courant sur nos peaux froissées de bonheur, quand leur flou parfum danse sur des accords langoureux. Magiques.

 


lundi 15 mai 2023

Ta montre.


 

Ta montre s’est réduite au silence pour mieux ignorer le temps qui se meurt entre deux parenthèses épaisses. Le vent secoue les nuages, les arbres, ébouriffe la régularité sévère de l’horizon. Quelques cris, des mots qui écorchent ta page trop blanche et lisse pour retenir ton encre oscillant entre un noir chétif et un bleu moribond. Tu n’as plus rien à écrire. Tu fermes tes yeux pour mieux voir ce qui s’efface dans ta mémoire. Tu as longtemps fait le tri dans ce qui te plaisait de ta vie, ignorant avec fierté ce qui te blessait. À présent, tu ne distingues même plus les contours blafards où se perd ton histoire, les parfums de tes amours, les rires de tes maitresses.

La solitude t’enveloppe de son costume rêche, griffe ta peau mille fois caressée, et tes lèvres ne trouvent plus d’autres lèvres pour y boire du vin fou. C’est le froid qui t’encombre dans la nudité austère de cette maison où rien ne respire. Tes souvenirs ont séché et une foultitude d’objets égarés un peu partout ne vit plus. Même leurs ombres ne racontent plus rien.

Faudra-t-il que tu jettes ta montre ?