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jeudi 23 octobre 2025

Le quai.

 

Photo rencontrée sur le net.

Spleen, poussière élégante dans un satin vaporeux. Lumière fade autant que fragile. Dans ce dédale curieux d'un matin serti de gris, dans la pâleur d'un jour immobile, dansent des doutes autour de son cœur inquiet et pesant. Le quai désert. Ses valises encombrantes au cuir épais, élégantes, déposées par ses mains engourdies, épuisées. Un geste lourd. Le temps s'endort dans le brouillard de l'incertitude d'un train espéré, embusqué derrière un horizon de feutre. Dans le réveil du jour, le manteau de laine rose pâle est fatigué, lourd pour ses épaules silencieuses. Ses pas perdus, ses souvenirs épais, ses larmes en attente. Déserter sa prison au bonheur factice, dorée mais défraichie, blessante. Ne pas se résigner à l'issue fatale.

Être libre. Enfin.

La méfiance s’estompe. Les regrets, les réminiscences aussi. Le fil du temps se débarrasse de ses craintes comme un chien s’ébroue après avoir échappé à la noyade.

Un grondement. Le sol vibre. Invisible, le soleil est au bout du quai. Elle l’a reconnu. Elle devine son sourire métallique, ses joues grises et roses. L’éclat de ses yeux dans des lanternes lumineuses.

Demain est déjà là...

 

mercredi 22 octobre 2025

Il pleut.

 

Photo: Isaac Maffeis

La pluie étourdie s’agite, musique frêle pour éclairer nos songes confidentiels. Les heures embarrassées se laissent porter, glissent doucement dans la houle acharnée qu’une brise légère aimerait étouffer. Nos visages sont proches à se toucher. Nos peaux se racontent déjà les petits soirs silencieux que nous aimons guetter, en écoutant la symphonie d’une nuée affolée. Dans la ouate subtile de notre lit, un noir rayon fier déshabille la nuit naissante en déchirant son voile étoilé. Ton corps nu, offert de l’autre côté du miroir transparent, lové dans un tourbillon moiré, tendre, envoute mes yeux d’un bonheur sucré. Alors, le vent gonfle les larges voiles du crépuscule avec nos rires d’amants, petits diamants scintillant dans les derniers rais d’une fin de jour prometteuse. Tes cheveux défaits, ondulants, s’accrochent au temps égaré dans les draps dociles, avec une ivresse pleine de musc. Là, tes mains câlines enflamment le soir avec nos secrets brûlants.

 


mercredi 15 octobre 2025

seule l’heure tremblante sait les mettre en rang…

 

Image sortie du net...

 Le ciel bleu, emmitouflé jusqu’aux oreilles dans un châle flamboyant aux couleurs de l’automne, chaleureux et moelleux, agite sans relâche les tignasses échevelées des enfants. Leurs jeux, enveloppés de dentelles faites de rires débridés, de cris indociles, roulent et glissent sur les pavés clairs de la cour de récréation, à l’ombre des silhouettes des platanes presque assoupis. Derniers témoins du temps s’enfuyant, les feuilles brunies par le soleil moribond durant la folle saison, virevoltent dans un ballet intemporel. L’innocence du monde court en tous sens, tantôt poussée, tantôt tirée, toujours chahutée.

Dans un coin perdu, à l’égard des regards, comme une empreinte inattendue, comme le vol d’un oiseau imprévisible, la sagesse discrète des bavardages des plus grands flâne. Petits soupirs en paquets de buée s’évadant des lèvres innocentes.

Le jour est timide, le soleil pâle. Les élèves ignorent la cloche jusque-là endormie qui se réveille pour imposer le silence. Pourtant, seule l’heure tremblante sait les mettre en rang…