La pluie, grise, nacrée, agile,
carillonne au cœur de la nuit. Elle joue dans le vent sombre une ronde tendre
pour enfant. C’est l’automne qui va, s’avançant d’un pas sûr, d’une fraiche humeur
polissonne. Le jour, lui, s’est fondu dans l’outremer gourmand en croquant le
temps.
Dans ce monde effronté au ciel de
galopin impatient, tout est dérobade. Tout s’efface en se cachant avec une moue
gracieuse, abandonnant des sourires dans l’asphalte de la voie lactée inondée
de nuages déguisés. La bruine paisible, étrangement calme, ronronne...
La Loire, juste dénudée de ses jupons chamarrés,
de ses corsages enflammés, ne veut pas le croire : au cœur du silence
épaissi de bleu, sa silhouette ondule sous une couverture duveteuse. Son corps
glisse, roule ; ses bras dansent dans un halo poudreux éclairé de songes
sauvages ; la pluie la rend frémissante et sa peau se couvre de sable
nerveux.
Patience, l’automne tâtonne dans le noir... cherche le jupon charmant délaissé au pied du lit, ouvre la voie des songes blancs, tourbillonne dans la folie des rêves qui font frémir les belles femmes...