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Photo Mikhail Nilov. |
Le crépuscule envahissant s’est accroché à mon encre polie s’endormant, pâle, chétive, sous la lune fade. Sur ma page une petite folie s’agite, court, chevelure en bataille, corsage déboutonné, pour s’engouffrer dans une nuit de jade. Mon rêve est là, dénudé, soulevant des murmures sauvages, enjambant la fenêtre ouverte sur le ciel enfoui dans les herbes indociles. Je happe l’air tiède, rempli de nuages clairs. Il pleut dans mon cou pendant que le silence, idiot, s’endort dans les confins des rumeurs aigres du temps enfui. De l’autre côté de l’eau. Sur la rive frémissante, là où s’oublient les rires dans la doublure du jour. Ma main traine sans raison dans l’attente sans passion.
Le soleil s’est délavé au fil de son départ feutré, me laissant somnolant, assis dos au mur, attendant le souffle frais de ton haleine mutine.
Viendras tu, belle de jour, dans l’ombre prometteuse de notre alcôve assoupie, mettre le feu à mon sommeil avec tes éclats de voix virevoltant ? Combler ton absence avec ton charme volubile ? Poser tes mains, tes lèvres sur ma peau endormie ?
Je t’aime, c’est une chance !