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mercredi 28 mai 2025

Une nuit de jade.

 

Photo Mikhail Nilov.

Le crépuscule envahissant s’est accroché à mon encre polie s’endormant, pâle, chétive, sous la lune fade. Sur ma page une petite folie s’agite, court, chevelure en bataille, corsage déboutonné, pour s’engouffrer dans une nuit de jade. Mon rêve est là, dénudé, soulevant des murmures sauvages, enjambant la fenêtre ouverte sur le ciel enfoui dans les herbes indociles. Je happe l’air tiède, rempli de nuages clairs. Il pleut dans mon cou pendant que le silence, idiot, s’endort dans les confins des rumeurs aigres du temps enfui. De l’autre côté de l’eau. Sur la rive frémissante, là où s’oublient les rires dans la doublure du jour. Ma main traine sans raison dans l’attente sans passion.

Le soleil s’est délavé au fil de son départ feutré, me laissant somnolant, assis dos au mur, attendant le souffle frais de ton haleine mutine.

Viendras tu, belle de jour, dans l’ombre prometteuse de notre alcôve assoupie, mettre le feu à mon sommeil avec tes éclats de voix virevoltant ? Combler ton absence avec ton charme volubile ? Poser tes mains, tes lèvres sur ma peau endormie ?

Je t’aime, c’est une chance !

vendredi 23 mai 2025

En fermant ses yeux...

 

Photo glanée sur le net.

En fermant ses yeux, le monde se farde les paupières avec un brouillard de sable, humide et lourd. La forêt affolée s’efface dans une ouate méticuleuse, menteuse. La terre se déchire dans un rugissement de poussières brûlantes. Le rire des enfants, les pleurs des mères, sont tus dans les mensonges de l’illusion. Mais la force du temps, sa patience, sa vérité et son soleil, redonneront de l’éclat aux arbres morts, calcinés, le moment voulu.

lundi 19 mai 2025

Dans le vent sucré...

 


La soie fragile du tutu est chiffonnée,
agitée,
par le vent sucré
d’un printemps frileux.
Dans le cœur de la danseuse,
parsemé de traces violettes discrètes,
s’agite une fourmi
bien à l’abri du soleil pâle.
Le jour dissout,
avec une lenteur pleine de gourmandise,
la lumière blanche comme une guimauve.
Le vent berce sa gracile tête
ondulant
au sommet d’une longue tige
charnue,
au-dessus du taffetas de son feuillage vert,
aux sinueuses nervures.