Je te parle mais tu ne m’entends pas.
Sais-tu encore écouter des mains qui tremblent ?

la Haute Barde (37) retour du bain 1950
Silhouette florale recevant l’existence, éclosion fraîche apparue dans un chemin étroit.
Tu souris, longiligne et féline… gracieuse comme un papillon blanc battant des ailes au cœur de mon oubli. Tu es belle baignée de lumière. Sage et rebelle. Épaules nues, bijou scintillant sur une gorge inconnue. Sautillant avec un cliquetis émerveillé.
Sourire. Du sourire plein ton visage. Tes yeux fins ouverts sur la vie. Pas un tremblement. Pas une ride. J’entends ton pas, sens le feulement de la soie sur tes jambes en mouvement. Mais pas ta voix.
Comme tu es vivante. Comme tu es belle. Comme Papa a de la chance d’être aimé de toi… Je lis cette étonnante photo écornée. Je te vois enfin. Je touche du doigt ton absence et le poids cruel dont elle m’étouffe.
Le soir se défait. Le noir suintant de bleu fatigué envahit l’étoffe de ta jolie robe, la tâche de reflets sombres. La nuit qui approche ne t’empêche pas d’être heureuse. Le temps qui va s’arrêter, demain ou un autre jour, non plus.
Les baisers de Papa ne viendront plus se poser en papillons chamarrés sur la peau de ton cou.
Même la nuit va mourir quand tu vas partir…
Mais toi, tu ne le sais pas encore.
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| Image du net. |
La nuit de passage
Déchire son corsage,
Ondule brûlante, sauvage,
Sur ton ventre encore sage.
Tout cet amour pétri d’orages
Au carrefour de tes silences,
Tous tes trop lourds bagages
Abandonnés sur le quai de tes absences :
Des souvenirs remplis de mirages,
Mille pages écrite sans berceau,
Mille naufrages et autant de tempêtes,
Mille rivages sans possible conquête.
Je suis la fin du jour et toi l’aube volage,
Décor d’un amour sans partage,
Flou, au souffle de cendre… fourbe badinage.
Sommes-nous amants ?
Sommes-nous vivants ?
Faut-il déchirer nos draps, otages
De ces nuits de paix sans abordage,
Piégées par ton regard en nage ?
Emportées par le fil de l’eau ?