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mardi 8 décembre 2020

Dans mon rêve, tu n’es pas en retard…

 

Le ciel a étendu sa pelisse épaisse au travers des vignes maquillées et costumées pour les bacchanales des grands soirs. Elles dansent en ligne sous l’épaisse fourrure gorgée d’audace, dissimulant la lune qui a perdu son masque. L’air s’est épuisé à soulever le jupon démoniaque des brumes libertines avec son souffle sulfureux ; défait les lacets lestes des corsages malicieux étreignant les treilles grivoises.

Dans mon rêve, tu n’es pas en retard…

Viens te rouler avec moi dans ce lit improbable, t’entortiller dans ces draps rebelles où le chant parfumé de tes gestes s’est imprimé dans les draps de satin, jusqu’au traversin, là où ton corps a laissé s’endormir le trésor de ton or caché, emprunte définitive d’un bonheur volatile.

Il n’est pas si tard…


 

lundi 7 décembre 2020

Cette lanterne qui veille.

 


Je frôle de mes doigts, à peine tièdes, les derniers soubresauts de mes songes justes enfuis. C’est la fin du jour, l’horizon incandescent s’est étouffé depuis peu de temps. Sur la vitre s’embuant pour mieux enfouir mes regrets, le bleu est déjà froid.

Le vent tressaille sous les cinglants coups de fouet des bourrasques arrogantes. Le crachin glacé a déposé ses empruntes dans la transparence de la vitre, sur cette lanterne qui veille.

Elle veille sur l’asile où mon cœur se repose, gardienne de mes doutes.

La nuit est la maison où je respire quand le ciel perd ses nuages. Quand le jour perd son éclat. Quand mon chemin se perd dans le noir.

La lanterne me sourit. La nuit se dépose sur le silence en ombre appliquée, enroulée autour des tourbillons outremer valsant au jardin. Des lucioles s’accrochent à la pluie et chantent l’improbable Noël qui piétine, les pieds dans la boue.

 

mardi 1 décembre 2020

J'ai embrassé un ange.

 


Dans le silence déjà bien bleu et piquant qui guette le matin, je ne dors pas, je ne rêve pas. Le ciel est un champ où la clarté de la lune somnole en attendant l’aube.

Les cloches, le chant des oiseaux, évanouis dans le vent du soir, se font murmures dans l’air suave. L’attente s’est cachée sous une couverture de rosée à l’haleine dorée.

Tu es arrivée, étoile filante gantée de poudre scintillante, bousculant la Grande Ourse et les poussières de la voie lactée. La nuit, éblouie, a écarté ses dentelles féeriques pour te montrer le chemin.

Des elfes magiciens ont effacé les bourrelets du crépuscule pour t’offrir le manteau soyeux de ton premier voyage.

 Dans la douceur infinie de l’instant, je vibre en voyant tes fines mains danser, encercler l’invisible clarté. Mon bonheur n’a pas d’ombre. Il t’a attendue si fort. Mes paupières se ferment sur mes larmes de joie.

 Tu as choisi l’heure pâlotte de ma vie pour m’apporter la lumière céleste, pour répandre sur ma route les parfums de vanille exhalés par la brume outremer. Et me voilà berger dans le firmament de ta vie, moi, papillon dans la béatitude du soir.

 En posant mes lèvres sur ta joue, j’ai embrassé un ange.

Noélie est entrée dans mon cœur et s’est blottie dans sa chaleur, tout en silence.
Je la berce de chansons douces dans mon âme de velours, de la joie plein la tête.
Voilà que ses petits doigts tout neufs serrent déjà le monde de demain.