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mercredi 21 mars 2018

Elle.




Elle lit péniblement. Les yeux sombrent, lourds, assaillis de faiblesse pâle.
Le voile du rideau se soulève… La fenêtre respire le jardin ensoleillé.
Elle repose les mains sur ses genoux, le livre entrouvert.
Elle veille, abandonnée la veille.
Elle est si belle, balancée par le chant de la lumière…
Sa vie s’évapore à pas souples en effaçant sa mémoire dérisoire.
Elle froisse son visage, desséché et lassé. Les yeux clos, gourds, transparents… usés.


Le jour se meurtrit de son ultime souffrance.
Au cœur du chuintement des pages qui s’affolent dans le courant d’air, tremble le jour qui s’épuise.

Un chat, le temps qui passe et fait frissonner l’horloge.


dimanche 18 mars 2018

Une passeuse de rêves...


Une passeuse de rêves…
Gracieuse, aérienne… 
 

Un square, 
des bancs, 
des réverbères à la pâle lumière calme…
Des oiseaux, un vol léger.
Leur vol léger au-dessus de ta chevelure claire…
et mon cœur bat plus fort dans la nuit fraîche de ta vie.

Des haies parfumées,
des allées sombres,
des rues éteintes…
et ton pas lascif quand tu rentres chez toi,
seule, muette, absente.

J’ai senti ton haleine douce,
sucrée,
éclabousser mon visage.

Je t’ai laissée,
libre et jeune,
et j’ai abandonné ton souvenir au fond d’un bassin profond.

Une passeuse de rêves folle d’un charme brûlant…

mercredi 14 mars 2018

Ami, reviens demain...







Écriture instinctive au cimetière Anglais de Bayeux, le 8 mars 2018, 10h10.


Un vent encore bien pâle et calme inonde les allées, tapis sans sable, juste un peu d’herbe.
Le silence, dernière offrande au monde qui s’attarde auprès des anges endormis, en quête de soleil.

Ami, reviens demain et je te tendrai la main.
Amour, ne t’en vas pas même avec un dernier sourire, un baiser brûlant.
Regarde le ciel, il s’étend, comme un enfant fatigué,
sur une plage de l’autre côté de l’océan.

La victoire se sertie de mensonge…
Prend un dernier verre, ton casque et ton fusil.
C’est l’heure qui t’appelle.
Va mourir derrière la frontière.
Confie tes 17 ans au combat pour la liberté.

Les guerres aiment le sang, les espoirs et la bravoure.
S’il n’y a que des enfants, ne t’en fait pas, ça fera l’affaire.
Le sacrifice n’en sera que plus beau.
La veuve plus jolie.