Le petit Bleu, café blotti derrière ses boiseries peintes, nous laissait franchir sa porte pour devenir plus légers. Nos seize ans venaient y colorier de folles espérances. On ne se quittera pas. On n’oubliera pas le regard des filles à la peau de pêche, aux lèvres douces, aux mains maladroites. Laissant nos cœurs battants d’adolescents saigner sur les arêtes des trottoirs à la venue des premiers chagrins, nos mues hésitantes rôdaient, une cigarette interdite entre les doigts, dans les longs couloirs du lycée.
Le verre de lait avait la couleur et le goût de la fraise. La magicienne du lieu nous observait compter nos pièces de monnaies pour régler l’addition, avec un sourire affectueux. Dans le soir peuplé de réverbères timides, sous les verrières des abris bus, des baisers inachevés nous laissaient l’âme pantelante. Futurs souvenirs divagant dans les caniveaux, le temps d’une averse pleine d’étoiles dorées, puis piétinées par les passants indifférents.
Combien de marcheurs malhabiles foulent, sans s’en rendre compte, une multitude de rêves d’adolescents amoureux, égarés dans les flots tumultueux du ruisseau du temps perdu.
Quand j'habitais en ville, j'allais régulièrement dans les cafés pour rencontrer des amis. Maintenant, depuis que j'habite à la montagne, je travaille et je rentre ensuite directement à la maison. Et quand je ne travaille pas, je reste plutôt chez moi. Les âges ne se ressemblent pas. Quand on devient plus "vieux", on aime la tranquillité d'un chez soi. Mais qu'est-ce que les cafés pourraient raconter de moi, ceux de la grande ville, presque oubliée? Bises alpines.
RépondreSupprimerSi le souvenir de mon passage dans les cafés se dilue dans le temps, je garde encore le brouhaha joyeux de mon adolescence en mémoire. j'aime toujours les bistrots et les lieux de vie qui leur ressemblent, même si je n'y retrouve plus la magie de mes 16 ans.
SupprimerBises de ma Loire détrempée.
Je ne suis jamais allée dans un café avec mes amis, pas d'argent de poche... J'ai travaillé dès 18 ans mais je n'ai pas eu un centime jusqu'à 21 ans!... Alors mes rêves se sont perdus dans les "ruisseaux" de la solitude... mais j'aimais mon métier, mes élèves...ce n'était pas du temps perdu même si j'enviais mes copines qui allaient passer des heures à papoter dans les cafés du coin...
RépondreSupprimerJe n'avais pas d'argent de poche, pour en trouver je "bricolais", comme je pouvais.
SupprimerSouvent je ne consommais pas, assis avec des camarades plus chanceux.
Je nourrissais mon imaginaire de ces ambiances étonnantes.
Un café providentiel, refuge des ados encore un peu tendres sur le chemin de la vie. Ils avaient les yeux plein de rêves, et le cœur chaviré par des filles sublimes qui hélas ! ne faisaient que passer
RépondreSupprimerBonne semaine, Letienne...
A l'époque de mes 16 ans, beaucoup de rêves, d'espoirs... et d'attentes déçues.
SupprimerMais les bistrots, les cafés, restent pour moi les refuges heureux de cette époque.
C'est sur leurs tables que j'ai écrit de nombreux textes.