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jeudi 3 octobre 2024

Les flots tumultueux du ruisseau du temps perdu.

 


Le petit Bleu, café blotti derrière ses boiseries peintes, nous laissait franchir sa porte pour devenir plus légers. Nos seize ans venaient y colorier de folles espérances. On ne se quittera pas. On n’oubliera pas le regard des filles à la peau de pêche, aux lèvres douces, aux mains maladroites. Laissant nos cœurs battants d’adolescents saigner sur les arêtes des trottoirs à la venue des premiers chagrins, nos mues hésitantes rôdaient, une cigarette interdite entre les doigts, dans les longs couloirs du lycée.

Le verre de lait avait la couleur et le goût de la fraise. La magicienne du lieu nous observait compter nos pièces de monnaies pour régler l’addition, avec un sourire affectueux. Dans le soir peuplé de réverbères timides, sous les verrières des abris bus, des baisers inachevés nous laissaient l’âme pantelante. Futurs souvenirs divagant dans les caniveaux, le temps d’une averse pleine d’étoiles dorées, puis piétinées par les passants indifférents.

Combien de marcheurs malhabiles foulent, sans s’en rendre compte, une multitude de rêves d’adolescents amoureux, égarés dans les flots tumultueux du ruisseau du temps perdu.

 

1 commentaire:

  1. Quand j'habitais en ville, j'allais régulièrement dans les cafés pour rencontrer des amis. Maintenant, depuis que j'habite à la montagne, je travaille et je rentre ensuite directement à la maison. Et quand je ne travaille pas, je reste plutôt chez moi. Les âges ne se ressemblent pas. Quand on devient plus "vieux", on aime la tranquillité d'un chez soi. Mais qu'est-ce que les cafés pourraient raconter de moi, ceux de la grande ville, presque oubliée? Bises alpines.

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