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lundi 12 février 2024

J’aime le lit comme tu l’as défait.

 

Photo de Robert Demachy
La femme endormie
(entre 1895 et 1900)

 

Le feu somnole doucement dans la cheminée,
ronronnement de braises écarlates.
Ton souffle écarte tes mèches brunes,
vent léger et tiède,
perdu sur ton visage de muse embarquée dans ses rêves de lune.
Des étoiles brillent dans mon cœur,
tes yeux sont remplis d’ombres affolantes.
Les coquelicots,
dans leurs tutus de soie rouge,
dansent dans un recoin ombrageux,
prêt du lit,
dans les remous des ombres volatiles de la chambre.
La valse empourprée de nos corps a envouté les draps crème
de ta vanille charnelle,
de ta peau de pêche,
douce et brûlante,
enivrante et clandestine.
J’ai deviné sur mon dos la danse de tes doigts frais
sur mes frissons diaboliques et brûlants.
Je me suis laissé emporter dans la moiteur des petits bouts de toi,
là où le soleil ne vient jamais te caresser,
là où le satin de tes dessous protège le miel de tes secrets.
Ô doux seins tendres.

Au diable les draps ajourés de fines broderies,
je viens respirer ta cannelle,
goûter le champ de ta peau pastelle
où sont venues se perdre des pointes insolentes de girofle,
d’orange suave.
Sur le bout de ma langue,
le sirop ambre de tes orages les plus fous.
Ô Alcôve au teint de thé...

J’aime le lit comme tu l’as défait.

 

6 commentaires:

  1. Un poème envoûtant, sensuel, tactile. Une femme endormie après une nuit d'amour est observée par son (sa) partenaire. Il y a un parfum Belle Époque dans les tendres descriptions, la literie, la cheminée, l'alcôve.....
    Parfaitement réussi, Étienne !

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    1. L'art d'être conservateur. Cette photo je l'ai glanée à Beaubourg, il y a 40 ans lors d'une exposition.
      Elle dormait dans un de mes lointains journaux intimes.
      La valse des mots s'est alors formée... aidée par des souvenirs.

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  2. Sensualité, tu m'emportes dans tes draperies !

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    1. Sensualité, où l'abandon de soi en vivant les mots, folle draperie des souvenirs heureux.

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  3. Merveilleux. Tu excelles dans la sensualité poétique. C'est doux et frais comme un printemps qui pointe.
    Je me sens être cette femme endormie qui glisse sur les rêves d'un amoureux fou.
    Joli poème de Saint Valentin, frangin.
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Un petit clin d’œil à la Saint Valentin... parce que ce n'est pas tous les jours que vous savez être tendres, belles, amoureuses et enjôleuses? L'amour est votre plus jolie robe et, quand le sommeil vous emporte, son absence est votre plus folle promesse.
      Femmes je vous aime... Tu aurais pu être la muse de ce matin là.
      Bises mutines et matinales.

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