L’air est chargé d’une fin de jour charnue. Le calme est collant, le vent pousse le temps indolent entre les berges. Reflets légers. Bavardages transparents. La Vienne nous berce comme des enfants sages qu’une nuit avenante veut emporter dans des rêves tendres. La forteresse dresse ses murailles fières dans l’ombre du ciel, au-dessus des froufrous verdoyants de la ville assoupie. Chinon tisse ses promesses du soir avec un bleu fragile. Je devine les draps souples et vaporeux, la nuit tiède, les corps fiévreux attendant les folies d’un orage providentiel.
Le vin blanc est frais, la toue cabanée rassurante. Le temps s’immobilise. Le soleil timide colore le ciel de petites touches brillantes, avec application, d’une geste souple. Sourires suspendus. Regards scintillants. La rivière, miroir amoureux de la nuit sans lune, porte en elle la fraicheur magique de ce moment précieux…
Il en faut si peu pour être heureux.