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lundi 8 décembre 2025

Le temps.

 


 

Le temps est cet animal féroce rugissant dans les plis infinis du jour. Ses tempêtes, ses griffures, creusent des lignes profondes sur mon écorce pâle. Le jour, joker de mon innocence, les remplit de poussières fines et légères. Mon visage blanc parsemé de taches roses, ruine sans ombre de mes vingt ans, ne veut plus retenir ce temps puissant.

Alors qu’il passe sans jamais me lasser. Que virevoltent ses grimaces, ses menaces, grondant comme un discours jaloux. Le silence finira par se coucher dans la cour et ma jeunesse s’envolera de la place du village où mes rires et mes jeux se sont évanouis, comme autant de feuilles mortes au début d’un automne triste.

Que le temps triche avec mes rires jusqu’au creux de la nuit. Qu’il arrache avec force les espoirs et les rêves de ma carcasse balayée de pluie froide. Qu’il maudisse ma rage de vivre avec sa dernière énergie, parce que moi aussi je passe… je creuse une cachette loin de ses sursauts ravageurs, de sa violence sournoise qui déambule dans les crevasses qu’il abandonne derrière lui, pour marquer son territoire d’animal vaincu.

Je tisse ma vie avec les fils assidus du temps, comme une douce envie de revanche.

 

 

10 commentaires:

  1. Le temps, ce prédateur sournois, impitoyable,
    Ruine mes espoirs, efface mes souvenirs !
    Sait-il que j'ai en moi une arme redoutable :
    Vivre maintenant, sans penser à l'avenir ?


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  2. Ton texte est très fort et tellement vrai... C'est un cri qui jaillit de l'âme quand à petits pois sournois, la vie s'en va vers la mort creusée de rides et de sanglots... En 2024, j'avais écrit:
    "Les rides labourent ma peau…
    Je vieillis et mon temps trépasse…
    Je tremble dans des pensées d’eau
    Avant que la pluie les efface…

    Je vois la mort…A petits pas,
    Sournoisement, elle s’avance
    Dans la douleur et dans l’effroi
    Quand se naufrage l’espérance…"

    https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/2024/06/poeme-dernieres-confidences.html#comment-form

    Il nous faut chanter alors pour prendre notre revanche la chanson de Reggiani:
    Combien de temps...
    Combien de temps encore
    Des années, des jours, des heures, combien ?
    Quand j'y pense, mon cœur bat si fort...
    Mon pays c'est la vie.
    Combien de temps...
    Combien ?
    Je l'aime tant, le temps qui reste...
    Je veux rire, courir, pleurer, parler,
    Et voir, et croire
    Et boire, danser,
    Crier, manger, nager, bondir, désobéir
    J'ai pas fini, j'ai pas fini
    Voler, chanter, parti, repartir
    Souffrir, aimer
    Je l'aime tant le temps qui reste
    Je ne sais plus où je suis né, ni quand
    Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
    Et que mon pays c'est la vie
    Je sais aussi que mon père disait :
    Le temps c'est comme ton pain...
    Gardes-en pour demain...
    J'ai encore du pain
    Encore du temps, mais combien ?
    Je veux jouer encore...
    Je veux rire des montagnes de rires,
    Je veux pleurer des torrents de larmes,
    Je veux boire des bateaux entiers de vin
    De Bordeaux et d'Italie
    Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
    J'ai pas fini, j'ai pas fini
    Je veux chanter
    Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
    Je l'aime tant le temps qui reste...
    Combien de temps...
    Combien de temps encore ?
    Des années, des jours, des heures, combien ?
    Je veux des histoires, des voyages...
    J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
    Des enfants, des femmes, des grands hommes,
    Des petits hommes, des marrants, des tristes,
    Des très intelligents et des cons,
    C'est drôle, les cons ça repose,
    C'est comme le feuillage au milieu des roses...
    Combien de temps...
    Combien de temps encore ?
    Des années, des jours, des heures, combien ?
    Je m'en fous mon amour...
    Quand l'orchestre s’arrêtera, je danserai encore...
    Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
    Quand le temps s’arrêtera..
    Je t'aimerai encore
    Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
    Mais je t'aimerai encore...
    D'accord ?

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    1. Être vivant maintenant, voilà l'important. Ton texte m'a scotché. Très vrai, beau.
      Je n'ai pas peur de la mort, je l'ai vue de près l'an passé. J'y pense juste un peu plus qu'avant. Le temps fait, avec les balises des autres qui partent, que la fin approche inexorablement. Certains soirs, mon chant s'assombrit.

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    2. Mon cancer depuis mai m'a montré un peu plus la fragilité de la vie

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    3. Chaque jour de plus dans la vie est une victoire à savourer.
      Courage.

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  3. Il y a temps à dire et tu le clames si fort que c’en est exaltant à lire, Bravo

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    1. D'avoir fréquenté la mort de près, je pense pouvoir la tutoyer avec respect.

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