La brume, enveloppant les chiens et les loups de l’insomnie, s’accroche à mon encre assoupie pendant que la lune sombre dans un sommeil étrange. Ma page glisse, tourne, blanche et vieillie. Mes mots crépusculaires la laissent nue et froide. Un rêve dans ma tête tempête, en guerrier épuisé. Dos au mur, face à la fenêtre ouverte dansant dans les courants d’air de la chute du jour venue me mordre, je bois l’air tiède, épais comme un velours détrempé. Plus loin l’orage et ses tambours bruyants peinent à avancer. Ma page blanche s’envole, tourbillonne, agaçante, insolente. Le collier de l’air lourd serpente dans les plis de mon cou et un silence idiot dort dans mon encrier. La pluie tâtonne sur l’horizon, aura-t-elle la force de me faire frémir. Je caresse les portes de la nuit close en sirotant un verre de vin blanc que le soir a abandonné à la lisière de mon bureau. L’aurore sans poussière me tente pour devenir ce fou lumineux que mes rêves espèrent. Alors, la magie de ta main douce, légère, brûlante, se pose, papillon évanescent, sur mon épaule… ton baiser, la musique de la pluie… demain peut encore attendre un peu.
J'ai ressenti dans un pan de ma peau la nuit déposer à la lisière de l'horizon ses espoirs ses rêves et ses peines... ils chevauchent entre chien et loup appuyés à la harpe du plus haut.
RépondreSupprimermerci letienne pour ce réveil réchauffé par tes mots.
Douce semaine à toi.
Écrire n'est pas toujours facile, mais tellement enivrant.
SupprimerIl y a toujours des mots à mettre sur les doutes.
Belle soirée.
Il est des nuits d'attente, de veille infructueuse, de feuille blanche désespérément nue.On espère l'orage, la pluie, le lever du jour, lorsqu'une main douce et toute puissante, arrête le temps jusqu'au jour meilleur.
RépondreSupprimerCes passages où la feuille blanche vole dans tous les sens, sont sertis de doutes c'est vrai, mais ils nourrissent le futur sans faiblir.
SupprimerIl faut juste être riche en patience et se préparer pour le rebond, il est toujours à l'affut.
Tu as le don de faire bruisser la nuit, de nous faire ressentir les caresses. Pour un peu, je dirai même que ce verre de vin blanc me fait tourner un peu la tête. J'aime cette écriture généreuse. Bises alpines.
RépondreSupprimerUn partage est bon s'il est généreux.
SupprimerEt les nuits sont propices à la générosité poétique.
Bises de ma Loire.
L'insomnie calmée par une main douce et tous les miasmes de la nuit s'effacent... je rêve de cette médication.
RépondreSupprimerUne main se pose, et l'âme se repose. Je te souhaite ce médicament.
SupprimerPour une angoisse de la page blanche, c'est plutôt réussi.
RépondreSupprimerEt tes images toujours aussi magnifiques. « Je bois l'air tiède, épais comme un velours détrempé » C'est juste beau.
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Une panne d'inspiration m'apporte malgré tout quelques mots à déposer sur ma page blanche.
SupprimerL'envie d'écrire est plus forte qu'une page blanche en fin de compte.
Après, ce n'est que mon cœur de poète qui se remet à battre.
Bises du soir.
Entre chiens et loups
RépondreSupprimerLes mots se cachent
Bruissent dans la nuit
Il suffira d'une caresse
A l'aurore du jour
Pour emplir peut-ête
Une page blanche
Un beau résumé qui m'apportera, qui sait, peut-être un peu d'inspiration.
SupprimerEn fait, mes pannes sont récurrentes mais toujours régénératrices.
"insomnie : tapage nocturne des pensées" (Sylvain Tesson)
RépondreSupprimerNous sommes nombreux à subir l'absence de sommeil... certains y cherchent l'éveil de l'inspiration, d'autres se laissent submerger par le flot incessant des pensées invasives...
Pourquoi me fuis tu Morphée... Ne suis je pas là, soumise et impatiente, à attendre sans bruit, que tes bras se referment sur ma taille frémissante...
N'ai-je pas mérité que ton souffle céleste, caresse tendre et légère, vienne effleurer mon front et apaiser la fièvre qui m'agite et me perd ?...
Viens... je veux m'abandonner, être esclave de tes songes...
Tout mon être réclame l'ardeur de ton étreinte, la force de ta quiétude...
Emmène moi au loin, aux rivages sereins.
Que mon corps succombe, que mon esprit abdique aux douceurs de l'oubli..et que dans un soupir, tu me prennes vaincue mais victorieuse enfin des pensées qui affluent...
Finalement Romain Gary avait raison : "Les insomnies sont, plus encore que les songes, propices aux évasions. "
Un commentaire qui résume bien le ressenti de ces moments là.
SupprimerLa page blanche réveille les douleurs de l'impossible création. La nuit blanche s'allie à la page tout aussi blanche qui tremble au bout de la plume. Si la muse brûlante n'intervenait pas se sa main conquérante, la nuit serait un grand trou noir où l'esprit s'immerge inévitablement.
La muse sait tout bousculer, pour déchirer cette page blanche...