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lundi 15 mai 2023

Ta montre.


 

Ta montre s’est réduite au silence pour mieux ignorer le temps qui se meurt entre deux parenthèses épaisses. Le vent secoue les nuages, les arbres, ébouriffe la régularité sévère de l’horizon. Quelques cris, des mots qui écorchent ta page trop blanche et lisse pour retenir ton encre oscillant entre un noir chétif et un bleu moribond. Tu n’as plus rien à écrire. Tu fermes tes yeux pour mieux voir ce qui s’efface dans ta mémoire. Tu as longtemps fait le tri dans ce qui te plaisait de ta vie, ignorant avec fierté ce qui te blessait. À présent, tu ne distingues même plus les contours blafards où se perd ton histoire, les parfums de tes amours, les rires de tes maitresses.

La solitude t’enveloppe de son costume rêche, griffe ta peau mille fois caressée, et tes lèvres ne trouvent plus d’autres lèvres pour y boire du vin fou. C’est le froid qui t’encombre dans la nudité austère de cette maison où rien ne respire. Tes souvenirs ont séché et une foultitude d’objets égarés un peu partout ne vit plus. Même leurs ombres ne racontent plus rien.

Faudra-t-il que tu jettes ta montre ?

16 commentaires:

  1. Coucou. Je ne sais pas s'il faut jeter la montre. Mais sans doute faut-il ouvrir les fenêtres et laisser le souffle du printemps balayer l'hiver trop long. Oui, c'est cela, respirer à plein poumons les parfums de fleurs. Bises alpines.

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    1. La montre, parfois, n'est plus utile.
      Pas plus que les fenêtres fermées ou ouvertes.
      Il faut sentir le printemps en instantané puisque incapable d'en garder le souvenir.
      La mémoire est un bien plus que précieux.
      D'où l’importance d'en profiter quand elle nous tient compagnie.
      Bises ligériennes.

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  2. Ton texte me fait penser au film que j'ai regardé dimanche soir... The father... Film émouvant et qui montre avec beaucoup de sensibilité cette mémoire qui s'en va dans les brumes de la vie... Je t'offre ce poème écrit pour mon papa qui lui aussi ne me reconnaissait plus https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/2021/04/poeme-silence-muet.html

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    1. Ce film est très fort, je l'ai vu au cinéma.
      Je n'y ai pas pensé en écriant ce texte.
      Juste un clin d’œil à un oncle.
      Et aussi cette image.

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  3. un texte très fort apparenté pour moi au deuil. Les êtres chers demeurent vivant au cœur quelque soit la saison.

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    1. Quand la tête se vide de tout, c'est une petite mort qui envahit le corps.
      La fin de l'histoire pour ceux qui restent vivant autour.

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  4. Dans la vie, il y a des moments où il fait bon perdre la mémoire, ou faire semblant de la perdre. Les gens qui, avec l'âge , perdent la mémoire, les souvenirs, souffrent beaucoup moins que l'entourage. Avant tou cela, vient la période où on ne trouve plus les mots de façon instantanée et, c'est là que le montre n'est plus indispensable. Je ne l'ai plus au poignet depuis quelques temps ;-)

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    1. Parfois la mémoire revient un court instant, comme pour dire: tu le sais que tout s'en va. Les mots et le reste.
      Puis tout s'efface à nouveau et l'immense solitude s’accroche aux silences récurrents qui meublent l'existence.
      Et tout le monde en souffre.

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  5. J'imagine le désarroi et la solitude lorsque tous les repères s'estompent et que tu te retrouves en terrain inconnu chaque matin, à chaque instant. Ma mère a connu ce cheminement, c'était dur pour elle, lorsqu'elle avait encore des moments de lucidité, de réaliser que sa mémoire s'enfuyait et qu'elle n'y pouvait rien...
    Bonne fin de semaine, Letienne. Bises bassoises.

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    1. Ton résumé de vécu, c'est le mien aujourd'hui.
      C'est dur de ne rien pouvoir faire, et constater l'inévitable dégradation.
      Bises ligériennes.

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  6. Terrible solitude... La vie doit être bien triste quand on n'en attend plus rien...
    Bises créoles

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    1. Une épreuve de l’existence.
      Une solitude que rien ne peut combler.
      Terrible est le mot juste.
      Bises de ma Loire.

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  7. Que c'est déconcertant quand le champ de mémoire
    Fane " entre un noir chétif et un bleu moribond "
    Notre esprit souffre d'être affable ou furibond
    Car l'autre en son regard jamais plus ne le moire

    Bonsoir Letienne,
    Un poème qui m'a infiniment émue et j'ai trouvé que cette image l'illustre sublimement.
    Gros bisous

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    1. C'est une sujet qui ne laisse pas indifférent,
      une histoire vécue qui me fait différent.
      Bises.

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  8. Tu restais ma maman
    Quoique furent tes instants
    Tu me comblais de joie
    Bien qu't'ais perdu la foi

    Tu glissais tendrement
    Au fond du désespoir
    Nous souriant doucement
    Oubliant tes espoirs

    Tu refaisais le monde
    Tu éclatais de joie
    Puis t'oubliais les ondes
    Et tu vibrais d'émoi

    A chacune des secondes
    Des nouveaux , devant toi
    Que tu découvres chaque fois
    Comme le temps est immonde

    N'existant plus pour toi
    T'évanouissant à confondre
    Hier et aujourd'hui
    Demain : un autre monde
    Le présent : on oublie
    Le futur , plus pour toi

    Nous veillerons en nous
    Tes souvenirs perdus
    Tous ceux qu'tu as vécus
    Ton monde devenant flou

    Ce que m'inspire ton texte:
    Un souvenir lointain et resté proche , encré dans ma mémoire ,
    qui a précédé sa disparition terrestre,

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    1. Un texte en écho.
      Un poème fort en émotion.
      Une épreuve difficile qui bouscule le cœur et l'esprit.
      Et cette douloureuse impuissance...
      Merci d'être passé, mon frérot de cœur!

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