Sans un bruit...

 

Picasso, la femme en pleur. Image empruntée au net.

Elle a posé ses mots sur une page blanche comme on laisse couler des larmes sur des joues pâles. Un dernier cri. Elle n’a pas cherché à embellir ses songes avec des espoirs étriqués, des promesses faites quand tout va mal dans un cœur battant de douleur. La pluie continue noircit son soleil absent. Elle veut oublier ses nuits aux restes épais dont elle ne parvient plus à s’échapper. Rien ne la console plus. Elle porte sur ses bras les traces des violentes étreintes qu’Elle ne sait plus pardonner mais qu’Elle endure encore, qu’Elle tait sans cesse pour ne pas déranger les gens bien intentionnés. Elle ignore ceux qui lui tendent la main et qu’Elle ne voit plus depuis une éternité. Trop occupée à cacher ses bleus. A taire son drame, cendres d’un amour promis et qui s’est consumé sous le joug du lourd silence des mensonges faciles. Hier, Elle a aimé un homme, aujourd’hui Elle est la marionnette d’un bourreau. Elle imagine sa mort comme un doux voyage vers la terre promise. Elle s’est épuisée de cette macabre solitude à deux qui lui a forgé des yeux rouges. Elle les ferme enfin pour toujours, ses paupières sont trop lourdes.

Elle meurt dans un linceul d’indifférence, sans un bruit.