La vie était simple. Il y avait des rires, des bouteilles de vin frais à boire. Il y avait des fêtes et des tables bien garnies. On chantait souvent, dès que les pauses salvatrices se couchaient à côté des heures pleines. On prenait le temps de goûter à la douceur des instants fragiles qui s’arrêtaient dans la cour. Les jonquilles en bouquet au printemps. Les hannetons et les cerises en juin. Les oncles et tantes pendant l’été. Les vacances en Bretagne. La plage, à Ouistreham, Cabourg ou ailleurs, en courtes escapades d’une journée. La cueillette des noisettes à l’automne. Les voyages à Reims pour retrouver les cousins.
La vie était simple et l’avenir qui portait ses incertitudes à bout de bras était loin. Il ne nous regardait pas. L’instant présent seul nous berçait de son insouciante frivolité. Et ça nous allait bien, à mes frères et à moi. Rien ne serait plus beau que tous ces matins chicorée dont le suave effluve me taquine encore les narines. Rien n’aurait un meilleur goût que l’oseille que nous mangions dans le jardin de Grand-Mère, seulement pour la mettre en colère. Rien ne serait plus fin que les jeux chahut de Grand-Père, casquette en arrière… et son rire qui ne s’évapore pas de ma mémoire. Ces voix, aujourd’hui sans écho, me bercent chaque soir.
Et puis Maman qui brodait, cousait, donnait de belles couleurs, qu’elle allait chercher on ne savait où, à notre vie. Cet amour qui faisait battre son cœur. Sa présence qui faisait battre celui de la maison. Les pas des uns et des autres. Pif gadget. Les bouteilles de lait sur le perron. L’arrivée du charbon avant la mauvaise saison.
Le jardin à traverser pour se coller devant la télévision des Grands-Parents. La peur qui me poussait sous la table quand la sonnerie annonçant l’apparition de Belphégor se faisait entendre.
Des joies simples.
Une liberté perdue et jamais retrouvée.
Un brin de nostalgie avec de jolis mots qui racontent l'enfance insouciante, le temps heureux où seul l'instant présent comptait.
RépondreSupprimerMerci letienne pour ce rappel qui évoque mon passé avec ses joies simples et légères.
Douce soirée.
Le pouvoir d'une photo sépia...
SupprimerC'est la couleur du temps passé, la couleur de l'encre, du brun clair couleur terre de sienne.
SupprimerOn sait que Victor Hugo utilisait de la sépia, pour son encre, et pour dessiner, car pour lui dessiner était une autre façon d’écrire.
merci letienne.
Bonne soirée.
Des joies simples, oui. Ton billet rejoint un peu le mien, sur la madeleine de Proust, et les souvenirs légers et heureux de notre enfance. J'en ai tout plein en tête de ces souvenirs. Peut-être que nous ne les retrouverons jamais mais nous avons eu la chance de les connaître et d'y goûter, c'est déjà bien je trouve.
RépondreSupprimerBelle journée, Letienne. Bises ensoleillées.
Des joies simples qui ont forgé les adultes que nous sommes.
SupprimerImpossible d'oublier ces parfums surannés.
Délicieux.
Bises en pluie.
Quelles jolies frimousses ! Je pense que tu es celui du milieu...
RépondreSupprimerDe doux souvenirs d'enfance, si bien exprimés. J'avais de la lecture à rattraper ce soir !
Bises Létienne, bonne soirée
Et tu as raison...
SupprimerTous doux comme le souvenir d'un baiser tendre, les souvenirs sont tendresse.
Bises.
Ne serait-ce pas toi le charmant petit ange
RépondreSupprimerAu milieu, benjamin parmi les trois frérots
Dont tu narres l'histoire avec leurs doux échanges
Nous rendant tous accros à tes tendres héros !
Bonsoir Letienne,
Une enfance bienheureuse qui fait écho en ma mémoire car je crois que nous sommes de la même génération à l'evocation de " Belphégor, Thierry la fronde, les chevaliers du ciel, les globe-trotter "que hier encore j'évoquais avec mon frère et ma sœur en parlant des feuilletons français que nous aimions regarder. Merci de ce partage vraiment touchant.
Bises
Ne garder en nous que ce qui est sucré.
SupprimerDe la nostalgie oui, des regrets non.
Bises.
Très émue, c'est si vrai tu ramènes le passé au présent: un moment de pur bonheur!
RépondreSupprimerHier avec ma fille on a ouvert la boîte de photos de maman...Que de souvenirs...pas eu le temps de tout raconter...
On s'est promis de recommencer...
Je vois que toi aussi tu aimes fouiller dans ces photos sépias qui nous tendent les bras.
SupprimerTous nos souvenirs sont rangés quelque part en nous, il faut si peu pour les réveiller.
Ça fait un bien fou.