Mince, soupire la pluie. Regrets, marmonnent les brumes uniformes. L’air devient étroit, froid. Le soleil dédaigneux. La pluie fanfaronnant la nuit, sur les vitres, sur le toit, heureuse et transparente, a laissé l’été éparpiller ses adieux. À l’aube évanescente, le ciel, d’un bout à l’autre, est d’un gris monotone. Sous les arbres aux feuilles clairsemées, se déchirent des ombres silencieuses, fades et fragiles. Je me noie dans la splendeur des boursouflures essoufflées du jour, ses contours amollis sous les rayons blancs du soleil frileux. Mon cœur se repose, je contemple, paisible : les arbres enveloppés dans l’ivresse du brouillard, estompés par les écharpes vaporeuses échappées des vignes endormies ; le coteau déroulant ses mystérieux plis jusqu’à l’horizon, invisible sous la pluie.
Tout est là pour engourdir l’âme sombre, serrer le cœur. La douceur mélancolique voilée par des larmes obliques, plonge la nature dans un froissement de toiles humides où les rêves portent le deuil d’une saison fatiguée.
Au matin, le cadeau encore frémissant de perles grises aux reflets sucrés, traces immobiles de la pluie aux ardeurs métalliques, m’enchantent. J’offre, lors de ma fraiche balade matinale, mon sourire ravi à ce décor encore jeune dans sa verdeur première et sa virginité.