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samedi 28 septembre 2024

La nuit ne s’endormira pas.

 


Quand le jour s’efface,
La nuit devient bavarde.
Nos regards musardent dans l’air sulfureux de la chambre qui ne trouve pas le sommeil.
Les frôlements de nos corps qui s’agitent
dans la valse des ombres glissant sur le parquet craquant,
libèrent des braises ardentes.
Des fragrances roulent,
suaves,
langoureuses,
sur le grain de nos peaux tendues.

Les nuits sont belles quand tu quittes tes dentelles crème
pour te lover
dans le satin tendre et mouvant des draps voyageurs.

Nos mains marionnettes courent dans la fraiche luzerne de nos secrets,
nos lèvres dansent sur les chemins brûlants de nos soupirs,
nos souffles s’affolent dans nos canyons,
là où coule une rivière inattendue
à l’ombre de forêts magiques.

 

La nuit ne s’endormira pas.

 

 

lundi 23 septembre 2024

Le canal de La Martinière (44)

 

Le canal de La Martinière, le 22 septembre 2024.

L’automne pointe son regard engourdi sur les bords du canal, sur son granit assoupi, sur ses vieilles coques en béton qui défient les assauts du temps. Sans bouger. Sans parler. Les berges ronronnent, chats débonnaires, sous les dociles caresses du vent. Le temps n’appartient à personne. Le ciel laisse rouler ses nuages d’encre dans le remous agité de leur passage. Tout est là, dans ce tableau immobile, posé dans un silence gris par le pinceau d’un artiste tissant l’éclat de ses bruines chagrines.

Mon visage se colle à la fraicheur de la brise. Mes yeux se ferment. La terre du chemin se joue de mes pieds fatigués. Mon pas traine. Le jour aussi. Mes mains nues glissent dans mes poches, griffant le fond de mes pensées.

Les couleurs ont fondu, laissant la lumière s’étendre paresseusement sur les veilles cordes élimées, écharpes sans parfum sur la gorge de l’acier taché de rouille, ancrages moribonds pour des navires disparus.

Et voilà que la pluie vient piquer de son sel le coin de mes yeux.

 


mercredi 11 septembre 2024

Mince, soupire la pluie...

 


Mince, soupire la pluie. Regrets, marmonnent les brumes uniformes. L’air devient étroit, froid. Le soleil dédaigneux. La pluie fanfaronnant la nuit, sur les vitres, sur le toit, heureuse et transparente, a laissé l’été éparpiller ses adieux. À l’aube évanescente, le ciel, d’un bout à l’autre, est d’un gris monotone. Sous les arbres aux feuilles clairsemées, se déchirent des ombres silencieuses, fades et fragiles. Je me noie dans la splendeur des boursouflures essoufflées du jour, ses contours amollis sous les rayons blancs du soleil frileux. Mon cœur se repose, je contemple, paisible : les arbres enveloppés dans l’ivresse du brouillard, estompés par les écharpes vaporeuses échappées des vignes endormies ; le coteau déroulant ses mystérieux plis jusqu’à l’horizon, invisible sous la pluie.

 


Tout est là pour engourdir l’âme sombre, serrer le cœur. La douceur mélancolique voilée par des larmes obliques, plonge la nature dans un froissement de toiles humides où les rêves portent le deuil d’une saison fatiguée.

 


Au matin, le cadeau encore frémissant de perles grises aux reflets sucrés, traces immobiles de la pluie aux ardeurs métalliques, m’enchantent. J’offre, lors de ma fraiche balade matinale, mon sourire ravi à ce décor encore jeune dans sa verdeur première et sa virginité.