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jeudi 29 août 2024

L’éternité de la mer en délire.

 

Le Bout du Monde, Le Havre (76), 25 août 2024.

Dans le vent ébouriffant du soir, nos pas s’allongent, la mer se creuse, agitant ses draps de satin ourlés d’enluminures aux reflets argentés. Se cambrent les reins des vagues que des fous silencieux viennent griffer d’éclaboussures, larmes d’écume soulevées dans un souffle furibond. Leurs voiles, calicots chamarrés, épousent les remous féroces du large.

 


Dans les reflets d’ampélite de l’eau, germent des souffles vagabonds, des rêves en boutures, des dessins ensoleillés, que les marins viennent cueillir en gerbes affolées. Le rugissement des vagues hisse un velours d’embruns sur l’horizon comme on plie un catafalque de brume dans un silence invisible dont les murmures sont les plis de l’eau.

 


Les frissons du soir s’accrochent à nos silhouettes courbées, face au vent fou, en quête d’un équilibre imaginaire. Dans les froufrous de la Manche en folie, Le Havre blanchit ses galets sous le rideau improbable d’un arc en ciel improvisé

 


Nos sourires amusés croquent l’éternité de la mer en délire.

 

lundi 19 août 2024

La sieste.

 

La sieste nous promet son lit de fantasmes, légers, volages. Les draps tièdes, lunatiques, nous enveloppent d’une lumière d’or tamisée par le voile versatile que nos yeux caressent en silence. Le sommeil se laisse emporter par un courant d’air providentiel glissant sur nos songes éveillés. Ta main frémit dans la mienne. Nos peaux, à peine au repos, laissent au passé le chaos élégant se faufilant entre nos doigts. L’ivresse devient notre royaume. Le décor en lambeau de l’alcôve rassurante saupoudre de perles dorées l’ardeur étouffée, inattendue, de nos songes étourdis par nos souffles fauves.

Le rideau laisse le soleil bailler dans ses ourlets de satin, entre les rires de minces filets d’ombre et un zeste de transparence. L’air s’ébroue, ta peau tremble. Les draps ondulent, vont et viennent. La valse céleste de tes jambes, nues et fines, rythme un feulement de tempête. Nos joues se frôlent, brûlantes, dans l’air écrasé de l’été moite. Nos corps s’évanouissent dans les restes modestes d’une folie improvisée.

 


jeudi 8 août 2024

Ivre de vent.

 


Le vent d’été, chaud, mordant, est venu caresser les balcons encore assoupis où sèche le soleil depuis le matin silencieux. Toutes les ombres sont dehors, rires aux lèvres, moue suspendue au fil d’une chaleur délicate et fière. Il traine dans tes remous pellerinais des facéties audacieuses dont les murmures bercent inlassablement nos désirs suaves. La lumière nous baigne d’éclats argentés, de reflets ocre, de clapots brun, d’une musique douce. Je me couche dans l’herbe tendre dont la fraicheur me chatouille la nuque, comme une invite à une pause peu sage. Déjà, tes lèvres empourprées butinent ma peau tendre offerte au jour brûlant. La promesse est là, au creux de tes reins, blottie sur ton sable facétieux et nu, enjôleur. Mes yeux se ferment. Ma bouche s’entrouvre pour mieux respirer ton haleine au flou parfum de vanille. Puis mes mains tremblent, libérées, chevaux de bataille à la crinière affolée, ivres de vent.

Voilà juste un peu d’amour enchâssé sur le bord de ton lit, entre les tanins aventureux de tes draps et la farandole féline d’une luzerne pourpre fardant ton dos rond.