Le Bout du Monde, Le Havre (76), 25 août 2024. |
Dans le vent ébouriffant du soir, nos pas s’allongent, la mer se creuse, agitant ses draps de satin ourlés d’enluminures aux reflets argentés. Se cambrent les reins des vagues que des fous silencieux viennent griffer d’éclaboussures, larmes d’écume soulevées dans un souffle furibond. Leurs voiles, calicots chamarrés, épousent les remous féroces du large.
Dans les reflets d’ampélite de l’eau, germent des souffles vagabonds, des rêves en boutures, des dessins ensoleillés, que les marins viennent cueillir en gerbes affolées. Le rugissement des vagues hisse un velours d’embruns sur l’horizon comme on plie un catafalque de brume dans un silence invisible dont les murmures sont les plis de l’eau.
Les frissons du soir s’accrochent à nos silhouettes courbées, face au vent fou, en quête d’un équilibre imaginaire. Dans les froufrous de la Manche en folie, Le Havre blanchit ses galets sous le rideau improbable d’un arc en ciel improvisé
Nos sourires amusés croquent l’éternité de la mer en délire.