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Photo empruntée au net.
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Le regard
gommé par le reflet de la vitre ne chantant plus les nuances du soleil, tu te
perds dans une mélancolie placide. Le chahut mécanique des passants s’est envolé
dans le tourbillon minutieux de la ville agitée. Tes mains se cherchent, se
caressent, se serrent. Le bistrot se vide de ses clameurs tardives et de son
agitation quotidienne.
Alors
tu me regardes avec tes yeux transparents, bercée par une lassitude brumeuse. Le
double jeu de ta tristesse court sur tes lèvres dessinant une moue évanescente.
Tu es seule, loin de tout. Loin des rires et des mots simples abandonnés sur le
zinc terni par la vie ordinaire des gens pressés.
Immobile,
je t’observe dans ce tableau furtif dessiné par le reflet métallique d’un ciel obstiné
de gris, une tache de mercure ne roulant plus dans ses boursouflures magiques. Ta
beauté souligne l’amertume d’une vaine attente dépourvue, désormais, d’espoir.
Le noir
du cliché t’engourdit d’un réalisme désolant. Il suffirait d’un courant d’air
pour que glisse sur ta joue une goutte de douleur perlant dans ses grimaces
salées.
Je voudrais
tant que ce soit moi que tu attendes… pour lire sur ton visage la langueur d’un
sourire prometteur en récompense de ma légèreté à te faire attendre à chacune
de nos rencontres.